[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les + : Mode multijoueur remarquable
Cartes réussies / bonnes sensations
Réalisation de grande classe
Solo qui va crescendo
Durée de vie intéressante
Challenge au rendez-vous en coop
Les - : Début de campagne solo poussif
Un mode coopératif trop gadget
IA et scripts peu convaincants
Plateforme Origin perfectible (PC)
Réalisation multi en retrait (consoles)
Attendu comme le messie par toute une frange de joueurs PC bercés de promesses technologiques, Battlefield 3 doit aussi ravir les possesseurs de PlayStation 3 / Xbox 360 en remettant en cause - au moins sur le papier - la domination du Call Of Duty d'Activision. Après des années de développement, des annonces par dizaines et une campagne de promotion d'une exceptionnelle intensité, le plus gros projet du studio DICE est à présent disponible et le moins que l'on puisse dire c'est que les Suédois sont attendus au tournant. Armé de son monteur Frostbite 2.0, Battlefield 3 parvient-il à insuffler un peu de sang neuf à la campagne solo ? À donner ses lettres de noblesse au coopératif ? À faire revivre le mode multijoueur tel que nous l'avons connu sur Battlefield 2 ?
Quand la Bad Company manque au mode solo : Dans le cœur de nombreux joueurs, la saga Battlefield se conjugue à plusieurs et c'est le mode multijoueur qui a donné ses lettres de noblesse à la licence. Pourtant, Electronic Arts a choisi d'axer une grande partie de sa campagne de promotion sur le solo en indiquant que son poulain est plus fort, plus complet et plus abouti que le concurrent direct, Call Of Duty. Dans les faits, il nous faut hélas reconnaître que DICE semble moins inspiré qu'avec le délire des Bad Company et se repose peut-être un peu trop sur la technique des scripts pour faire vibrer le joueur... Une technique universellement utilisée par les studios de développement, mais que l'on aimerait voir progresser alors que Battlefield 3 devait marquer un renouveau à tous les niveaux.
Si le scénario ne nous a guère emballé, évitons tout de même de le déflorer et disons simplement que la campagne solo nous propose de participer à une guerre moderne. Les États-Unis sont intervenus à la frontière Iran-Irak alors que le People's Liberation & Resistance (PLR) menace de prendre le pouvoir dans l'ancienne Perse. Durant cette aventure, nous incarnons un certain Blackburn, mais au travers de missions bien particulières, nous sommes amenés à endosser l'uniforme de Hawkins (pilote) et celui de Miller (artilleur). Cette triple-campagne est moins marquée que sur d'autres jeux, mais elle est peut-être plus gênante : Hawkins et Miller ne sont que secondaires, mais leur présence suffit à ce que l'on se désintéresse de Blackburn et cela réduit d'autant l'identification avec le héros.
Dans ce genre de situations tout est bien sûr affaire de goût, mais nous considérons que cela nuit à la mise en place d'une certaine atmosphère et pour faire simple disons que l'on ne rentre jamais complètement dans cette histoire de menace nucléaire. Un manque d'immersion que l'on doit aussi à la présence de nombreux Quicktime Events (QTE), ces séquences où l'on doit réaliser une action particulière en appuyant sur le(s) bouton(s) affiché(s) à l'écran. De notre avis, les QTE s'intègrent très mal au genre du FPS et Battlefield 3 nous en apporte la preuve de fort belle manière avec cette poursuite dans les rues de Paris qui s'achève par une bête succession de boutons à presser quand il nous l'est demandé : quel rapport avec la fuite d'un homme portant une bombe nucléaire sur le dos ?!
Du grand spectacle...Heureusement, tout n'est pas à jeter dans cette campagne et les Suédois de DICE ont parfaitement rempli leur cahier des charges en intégrant tout ce qui fait le sel des scénarios de FPS. Nous avons donc droit aux nombreuses séquences à bord de différents véhicules, aux séances de tir avec fusil de précision, aux passages homériques et aux scènes que l'on jurerait sorties du dernier blockbuster hollywoodien tant elles sont à couper le souffle ! À ce niveau, il faut bien reconnaître que l'exceptionnelle qualité du Frostbite 2.0 fait très mal aux autres jeux d'action vue subjective. Il y aura bien quelques aigris pour critiquer encore le rendu de certaines textures, mais au final on retient surtout le travail impressionnant des développeurs, et ce, sur toutes les plateformes.
Précisons d'emblée que les joueurs Xbox 360 se devront d'installer les textures HD pour éviter les bouillies de pixels, mais en dehors de cette réserve, il n'y a pas trop à redire. Nous avons évidemment une préférence pour la version PC qui permet de régler le FOV et dispose d'une profondeur de champ hallucinante alors que les différentes scènes fourmillent d'innombrables détails. L'utilisation de DirectX 11 se fait particulièrement sentir en extérieur (la tesselation est largement employée) alors que l'Horizon Based Ambient Occlusion permet un luxe de détails stupéfiant : on regrette juste que son utilisation ne soit pas plus généralisée. Loin des considérations trop techniques, le joueur lambda sera ravi de pouvoir s'approcher des murs en gardant une précision remarquable alors que les modèles de personnages / de véhicules sont très finement représentés. On apprécie également la variété des environnements - mention spéciale pour le décor parisien - alors que le jeu profite d'une animation parfaite en toutes circonstances.
La technique ne sert cependant pas qu'à épater la galerie et faire chauffer les cartes graphiques : elle est aussi là pour appuyer le gameplay, même si cela reste trop en retrait à notre goût et que le 3D Vision de NVIDIA n'est par exemple pas encore au menu (elle arrive via un patch). Durant les premières missions, on est ainsi surpris de voir à quel point la réalisation paraît accessoire et on aurait aimé que les destructions aient plus d'incidences... Cela vient en fait avec le temps et si la campagne démarre tranquillement, elle prend petit à petit de l'ampleur. Ainsi, à côté de l'épisode aérien qui restera en travers de la gorge de nombreux joueurs du fait de son manque d'interactivité, on peut compter sur quelques poursuites pas piquées des vers comme cette cavalcade dans les parkings parisiens où les murs s'effritent, les voitures explosent et les personnages sont projetés par le souffle des déflagrations.
... mais rien de réellement mémorableL'un dans l'autre, on peut donc dire que la campagne solo de Battlefield 3 souffle le chaud et le froid. Elle évite l'écueil idéologique et le manichéisme pénible des Call Of Duty, mais fait également l'impasse sur l'humour des Bad Company. On incarne des soldats et les soldats ça fait la guerre sans rigoler tous les jours. Dommage, nous on aime bien ça rigoler dans les jeux vidéo ! On rigole d'ailleurs d'autant moins que la progression par l'échec est une fois encore au menu et qu'elle tape un peu sur les nerfs. DICE n'est à ce niveau pas beaucoup plus doué qu'Infinity Ward et l'intelligence artificielle s'avère plus frustrante qu'autre chose. Trois niveaux de difficulté sont au programme, mais alors que le premier n'a guère d'intérêt, les choses sérieuses commencent dès le niveau normal.
Les vétérans auront bien sûr tout intérêt à se lancer en difficile, mais le problème de l'intelligence artificielle n'est pas tant son habileté au tir (encore que) ou son exceptionnelle résistance aux balles (encore que bis). Non, le véritable souci est qu'une fois encore l'ensemble du jeu repose sur l'utilisation intensive de scripts pas bien subtils, en particulier en début de campagne : il faut par exemple éliminer deux snipers dans un bâtiment en passant par un parking où des ennemis semblent apparaître inlassablement tant qu'on aura pas décidé de viser directement les snipers ! Pire, certains (un seul en fait, mais quand même) scripts sont buggés et notre pauvre Blackman est mort une bonne dizaine de fois à cause d'un soldat du PLR capable de tuer à distance en restant de dos et sans utiliser son arme !
Ces soucis ne gâchent pas la partie, mais diminuent sensiblement l'intérêt de la campagne solo, en particulier durant les premières heures. Nous l'avons dit, les choses s'arrangent par la suite et les dernières missions ne sont pas inintéressantes d'autant que la mise en scène (sous forme de flashbacks) gagne elle aussi en intensité à mesure que l'on comprend ce qu'il se passe. Tout à fait au niveau de ce que font les concurrents, DICE déçoit cependant par son incapacité à innover véritablement. En dehors de l'aspect technique des choses, nous aurions aimé pouvoir mettre le doigt sur quelque chose qui aurait servit de référence pour les autres studios, mais ce n'est pas vraiment le cas : la campagne solo fait le job comme on dit, mais c'est à peu près tout.
Du coopératif très accessoirePliée en six à huit heures selon votre vitesse et votre niveau, la campagne solo et ses 12 missions ouvrent logiquement la voie à deux modes multijoueur : le coopératif et le compétitif. Le premier permet de faire équipe avec un autre joueur sur six missions inspirées des environnements de la campagne. La difficulté est bien plus élevée qu'au travers de cette dernière et le but du coopératif est clairement de pousser les deux joueurs à travailler de concert pour mettre à mal une intelligence artificielle - une fois encore - plus frustrante que vraiment douée. Pour ne rien arranger, il faut généralement s'y reprendre à plusieurs fois rien que pour identifier précisément les objectifs. DICE ne voulait pas passer des semaines à peaufiner une campagne coopérative, mais le résultat est hélas un peu bancal.
Les choses sont de suite plus enthousiasmantes côté multijoueur compétitif et on sent là que DICE maîtrise davantage son sujet. En réalité, il n'y a pour ainsi dire que deux reproches à faire au multi de Battlefield 3 : les cartes - de bonnes tailles - nécessitent un peu trop souvent de parcourir plusieurs centaines de mètre pour atteindre les zones de combat et l'aspect tactique de Battlefield 2 est passé à la trappe. En ce sens, le studio déçoit et alors qu'il avait parlé d'offrir une suite digne de ce nom à BF2, DICE reprend bien davantage l'ossature de Bad Company 2 : sprint illimité, mode Ruée et ses différentes étapes en plus du traditionnel Conquête, système d’ordres succinct et absence de Commandant constituent quelques-uns des gros changements amenés par le précédent volet et reconduis ici.
Au final, on ne peut plus guerroyer qu'à 24 sur consoles contre 64 sur PC... un nombre plus en adéquation avec les promesses multi de DICE et la taille de certaines cartes. Au nombre de neuf (toutes jouables avec les cinq modes de jeu : Ruée, Conquête, Team Deathmatch, TDM par escouade, Ruée en escouade), celles-ci reprennent peu ou prou les différents modèles de BFBC2 : de vastes espaces parfaits pour les véhicules (tank, transport de troupes, jeeps, hélicoptères, avions de chasse) aux environnements plus resserrés idéals pour les fantassins, les maps de Battlefield 3 étalent une nouvelle fois au grand jour le savoir faire colossal de DICE dans ce domaine. Rarement plates et surtout bourrées de recoins, elles offrent une variété étendue de situations à même de ne pas lasser sur la durée.
Multijoueur gonflé aux stéroïdesEn Ruée comme en Conquête, chaque lieu (désert, ville de nuit, Paris, souk arabe) dispose de sa propre identité visuelle, chaque ruelle ou grande artère côtoyant logiquement les différents bâtiments bien souvent destructibles. On ne sera tout de même pas surpris par ces cartes, assez classiques dans la forme, mais toujours efficaces dans le fond. On regrettera une nouvelle fois la prépondérance des bugs d’affichage, de déplacement ou de collision pour les versions consoles, parents pauvres de ce Battlefield 3 version multijoueur. Sur Xbox 360 comme sur PlayStation 3, la réalisation en prend d’ailleurs un bon coup par rapport au solo, mais surtout vis-à-vis de la version PC, toujours reine en la demeure dans la série. Affichage tardif, textures grossières et crénelage perturbent un peu notre vision du champ de bataille, prenant alors le relais sur les nombreux effets visuels qui ne sont pas uniquement là pour faire joli.
Les nombreuses particules en suspension dans l’air, mais aussi le reflet des lunettes propres aux fusils de sniper (pour repérer les campeurs) ou encore le pointeur laser et la lampe torche qui nous aveuglent lorsqu’ils sont pointés sur nous ont en effet une certaine influence sur le gameplay du jeu. Les fans de la première heure prendront ça pour du « noskillisme » primaire et ils n’auront pas forcément tort. Ces derniers seront peut-être rassurés par les retouches de DICE sur la jouabilité, Battlefield 3 étant assez nerveux et rapide comparé à la lourdeur des personnages de BFBC2. Le développeur suédois a néanmoins conservé le feeling particulier de ses armes, au recul prononcé nécessitant un temps d’adaptation avant d’enchaîner les headshots, tout en modifiant intelligemment les quatre classes disponibles.
En gros, la trousse de soin et le défibrillateur (moins efficace que dans BFBC2) va à l’Assaut pour nerfer le Médic, désormais rebaptisé Soutien. Hérité lui aussi de Bad Company 2, le système de progression a fait ses preuves et conviendra aux malades de l’unlocking comme aux joueurs souhaitant trouver le package parfait et le conserver, chaque arme ayant désormais son propre niveau d’avancement. Idem pour les véhicules, qui bénéficient également de tout un tas d’options que l’on acquiert avec le temps... et un peu de skill. Au final, les quelques ajustements de DICE par rapport à BFBC2 s’avèrent tous payants même si l’on aurait souhaité plus de biscuits favorisant le teamplay.
Un squad leader un peu plus important (pour les spawns et les ordres) n’aurait pas été pour nous déplaire. Parce que malgré toutes ses qualités, le multijoueur de Battlefield 3 s’apparente plus à une légère évolution de l’excellente recette de Bad Company 2 qu’à la révolution tant attendue. Ceux qui crachaient sur celui-ci ne devraient donc pas avoir plus de raison de tenter l’expérience, bien que celle-ci soit particulièrement convaincante « pétoire en mains ». DICE peut d’ailleurs remercier son sound designer, sans doute déjà à l’œuvre sur Bad Company, qui nous livre une fois encore des impacts de folie en plus d’une localisation des sons irréprochable. Du grand art.
ConclusionNous touchons à la conclusion de cette article et si avez suivi le cheminement logique de lecture, vous savez déjà que Battlefield 3 n'est pas la révolution attendue par certains. Non, DICE n'a pas bouleversé le monde du jeu d'action vue subjective comme il était parvenu à le faire avec Battlefield 1942, mais le studio suédois ne démérite pas. Déjà, sur le plan technique, il rend une copie assez remarquable, et ce, quelle que soit votre plateforme de prédilection. La version PC du jeu atomise joyeusement ses consœurs, mais même sur PlayStation 3 et Xbox 360 le rendu graphique est une vraie réussite. Les environnements sont variés et riches de nombreux détails alors que l'animation se maintient toujours au-dessus du seuil nécessaire pour profiter d'un FPS. Les joueurs PC profitent eux d'un titre d'exception qui fera figure de référence pour un bon moment.
Côté gameplay, DICE alterne le bon et le moins bon. En effet, la campagne solo démarre de manière un peu poussive et manque d'un « je ne sais quoi » pour véritablement marquer les esprits alors que le coopératif fait office de gadget sympathique, mais par définition tout à fait accessoire. Enfin, reste le gros morceau, le mode multijoueur. Là, pas grand-chose à redire et si les nostalgiques de Battlefield 2 regretteront sans doute certains aspects de leur jeu fétiche, il y a fort à parier qu'ils acceptent les compromis proposés par DICE. Là encore, la version PC est un cran au-dessus de ses petites sœurs avec notamment la possibilité de jouer des assauts à 64 joueurs, mais dans tous les cas, Battlefield 3 a ce qu'il faut pour devenir la référence multijoueur d'aujourd'hui.
==> Source jeux-vdeos.com